Le plaidoyer anti-brevets d’Elon Musk, le patron de Tesla
Source française"Si une entreprise dépend de ses brevets, c'est qu'elle n'innove pas ou alors qu'elle n'innove pas assez rapidement". C'est par ces mots qu'Elon Musk justifie sa dernière "folie": rendre les brevets de Tesla, le fabricant de voitures électriques, accessibles à tous. Et donc à ses concurrents, désormais libres de reprendre les technologies qui ont fait le succès des modèles de la société californienne.
"Tesla ne poursuivra pas ceux qui souhaitent utiliser, de bonne foi, ses technologies", assure l'entrepreneur d'origine sud-africaine. Une position qui tranche avec le contexte actuel. Depuis des mois Apple et Samsung se livrent une guerre acharnée pour trancher si le second a copié le premier. Et ils ne sont pas les seuls à régulièrement se retrouver devant les tribunaux pour ce même motif. Sans compter la montée des "patents trolls", ces firmes qui attaquent à tout va start-up et géants de la high-tech.
"Quand j'ai débuté avec ma première société, Zip2, je pensais que les brevets étaient une bonne chose et je me battais pour les obtenir, explique M. Musk. Mais ils servent aujourd'hui trop souvent à simplement étouffer le progrès, à consolider les positions des grandes entreprises et à enrichir les juristes, plutôt que les véritables inventeurs." Comme beaucoup dans la Silicon Valley, il plaide pour une réforme du système des brevets.
D'ABORD L'INNOVATION
Cela n'a pas empêché Tesla de déposer, depuis sa création en 2003, des centaines de brevets afin de protéger ses innovations. "Nous craignions que les grands constructeurs copient notre technologie et utilisent leur imposant outil de production et leurs forces commerciales et marketing pour écraser Telsa", reconnaît aujourd'hui l'entrepreneur. Nous ne pouvions pas être davantage dans l'erreur".
"Le leadership technologique n'est pas défini par les brevets, l'histoire a montré à plusieurs reprises qu'ils ne représentaient qu'une faible protection face à rival déterminé, poursuit M. Musk. Il est plutôt défini par la capacité d'une entreprise à attirer et à motiver les ingénieurs les plus talentueux."
Et donc dans la capacité d'innover sans cesse. "Vous voulez innover tellement vite que vos précédents brevets deviennent caducs", assure M. Musk. Il en veut pour preuve le succès de SpaceX, sa deuxième entreprise, spécialisée dans les lanceurs spatiaux et qui ne dispose que d'un nombre limité de brevets.
Telsa continuera cependant à déposer des brevets pour éviter que ses innovations ne soient récupérées puis utilisées pour l'attaquer en justice. Mais tout le monde sera libre de les utiliser.
CHOIX AUSSI INTÉRESSÉ
"La décision de Tesla est révolutionnaire, estime Florian Mueller, spécialiste des questions de propriété intellectuelle. Mais nous ne verrons pas quelque chose de similaire dans le domaine des smartphones, où la dynamique de marché est différente". De fait, le choix du fabricant est également intéressé. Il vise à favoriser l'essor des voitures électriques, qui demeurent encore un produit de niche.
"Chez les grands constructeurs, les voitures électriques sont peu nombreuses voire inexistantes, représentant en moyenne bien moins d'1% de leurs ventes", regrette M. Musk. En renonçant à la propriété intellectuelle sur ses brevets, Tesla pourrait leur permettre gagner du temps et donc anéantir l'avance dont il dispose aujourd'hui. Il pourrait aussi favoriser l'émergence de nouveaux rivaux.
Mais le risque est calculé, assure M. Musk. Il espère stimuler l'écosystème. Et ainsi changer l'image des voitures électriques, élargir son marché et, au final, vendre davantage de voitures (Tesla devrait bientôt présenter un modèle grand public). "Notre véritable rival, ce n'est pas le petit nombre de voitures électriques qui ne sont pas produites par Tesla. C'est plutôt l'énorme flot de voitures à essence sortant chaque jour des usines", assure-t-il.
La société a aussi intérêt à ce que ses normes technologiques soient adoptées par ses rivaux. D'abord parce qu'elle pourra leur vendre ses batteries lithium-ion, alors qu'elle s'apprête à construire une gigantesque usine aux Etats-Unis. Elle pourra aussi s'associer avec eux (M. Musk vient d'ailleurs de rencontrer les dirigeants de BMW) pour élargir le réseau de stations de rechargement, utilisant les mêmes prises. Une étape indispensable pour la généralisation des voitures électriques.
Source Tesla
Elon Musk, CEO, le 12 Juin 2014 a écrit : All Our Patent Are Belong To You
Yesterday, there was a wall of Tesla patents in the lobby of our Palo Alto headquarters. That is no longer the case. They have been removed, in the spirit of the open source movement, for the advancement of electric vehicle technology.
Tesla Motors was created to accelerate the advent of sustainable transport. If we clear a path to the creation of compelling electric vehicles, but then lay intellectual property landmines behind us to inhibit others, we are acting in a manner contrary to that goal. Tesla will not initiate patent lawsuits against anyone who, in good faith, wants to use our technology.
When I started out with my first company, Zip2, I thought patents were a good thing and worked hard to obtain them. And maybe they were good long ago, but too often these days they serve merely to stifle progress, entrench the positions of giant corporations and enrich those in the legal profession, rather than the actual inventors. After Zip2, when I realized that receiving a patent really just meant that you bought a lottery ticket to a lawsuit, I avoided them whenever possible.
At Tesla, however, we felt compelled to create patents out of concern that the big car companies would copy our technology and then use their massive manufacturing, sales and marketing power to overwhelm Tesla. We couldn’t have been more wrong. The unfortunate reality is the opposite: electric car programs (or programs for any vehicle that doesn’t burn hydrocarbons) at the major manufacturers are small to non-existent, constituting an average of far less than 1% of their total vehicle sales.
At best, the large automakers are producing electric cars with limited range in limited volume. Some produce no zero emission cars at all.
Given that annual new vehicle production is approaching 100 million per year and the global fleet is approximately 2 billion cars, it is impossible for Tesla to build electric cars fast enough to address the carbon crisis. By the same token, it means the market is enormous. Our true competition is not the small trickle of non-Tesla electric cars being produced, but rather the enormous flood of gasoline cars pouring out of the world’s factories every day.
We believe that Tesla, other companies making electric cars, and the world would all benefit from a common, rapidly-evolving technology platform.
Technology leadership is not defined by patents, which history has repeatedly shown to be small protection indeed against a determined competitor, but rather by the ability of a company to attract and motivate the world’s most talented engineers. We believe that applying the open source philosophy to our patents will strengthen rather than diminish Tesla’s position in this regard.