DIXIEME PARTIE
ncaar a écrit :Le propre du vivant, à la différence d'une machine-outil, est de s'adapter, ce qui le rend totalement imprévisible.
Je n’ai jamais nié qu’existe une certaine marge de manœuvre dans l’alimentation de tout être, animal ou humain. Mais je ne suis pas d’accord pour dire qu’un être animal est « totalement imprévisible ». En matière d’alimentation par exemple, c’est absolument faux. Les animaux répètent toujours les mêmes comportements alimentaires. Les aberrations et exceptions ne peuvent justifier une définition de régime alimentaire. Moi-même, quoique végan, j’avale parfois involontairement un moustique en faisant du vélo…
ncaar a écrit :Tu as une vision mécaniste et figée.
Je trouve cocasse que tu considères ma perspective comme « mécaniste et figée ».
1/ L’étologie, la biologie, la biochimie, l’anatomie, la physiologie sont des sciences bien établies. Qui les remet en question complètement ? On découvre toutefois de nouvelles choses, à la marge, et on perfectionne avec parfois des chamboulements mais pour la plus grande partie on connait le fonctionnement biologique à tous les niveaux (cellule, organe, individu, groupe). Il y a des constantes dans le comportement animal. Sans être figée, la science est stable…
2/ Et je précise qu’en tant que végan, je suis en contrepoint total de l’ancienne théorie mécaniste selon laquelle l’animal est une machine dont on peut disposer à loisir. Je considère bien entendu les animaux comme des êtres sensibles, intelligents, plein de ressources et joueurs. Des êtres avec pour certains une personnalité reconnaissable. La vision « mécaniste » est plutôt à chercher du côté de ceux qui mettent des poules en cage, pompent le lait avec une trayeuse électrique, inséminent à tour de bras pour envoyer ensuite les petits à la boucherie. Là, on est pile dans la désanimalisation.
3/ Enfin, étant donné que la perspective végane est alternative et non conventionnelle, intellectuellement et culturellement, je suis plutôt du côté du changement, de l’interrogation, de la remise en cause… Là où beaucoup sont figés dans leurs habitudes…
Je constate (c’est récurrent) un constant retournement de la réalité et de la critique…
ncaar a écrit : L'équipement de base est une chose, ce que tu en feras en est une autre. Tout simplement parce que le milieu dans lequel tu es plongé évolue lui-même. Mobilis in mobile, en quelque sorte. Cette évolution dans l'évolution n'est ni positive, ni négative : elle est. Tu appliques ton jugement sur des phénomènes qui s'en foutent. Car tout est auto-régulé in fine.
Je suis d’accord sur la dynamique de la vie, le changement perpétuel. J’applique mon analyse et j’exerce mon esprit critique par rapport à des comportements animaux et humains. Je ne juge aucun animal, car globalement les animaux agissent selon leur nature. L’éthique n’entre généralement pas en compte dans leur monde. Même le comportement en apparence gratuitement cruel comme celui d’un félin qui joue avec une proie (souris) peut être compris et justifié comme un entraînement pour améliorer ses chances de survie.
Par contre, le comportement humain, notamment alimentaire mérite d’être critiqué car il est en grande partie artificiel. Et généralement non justifié par la survie. C’est même l’inverse puisque l’omnivorisme nuit à la santé de l’humain qui le pratique. Je me trouve dans la position étrange de celui qui tente d’aider ses congénères à entrevoir que leur comportement alimentaire leur est néfaste.
Les phénomènes n’ont pas de conscience. Les humains si (enfin, en théorie, arf !). Ce sont les humains qui se foutent des conséquences. Plus précisément, ils nient le lien entre leur comportement individuel et certaines conséquences. Et les humains déplorent par ailleurs ces conséquences néfastes. Comme le cancer, le diabète, le surpoids, la mauvaise haleine, la fatigue, l’agressivité, la dépense d’argent, la déforestation, les ogm. Et j’en passe.
Tout est autorégulé. Effectivement, lorsque la Planète sera détruite, il y aura une ultime grosse facture de régulation définitive. L’espèce humaine (et potentiellement toute vie sur Terre) sera annihilée. D’autres voies me semblent plus judicieuses…
ncaar a écrit :La (relative) puissance qu'a acquis l'homme lui donne plus de devoirs que de droit ("science sans conscience n'est que ruine de l'âme") mais l'abattage après étourdissement au pistolet pneumatique me semble moins cruel que la rupture de colonne vertébrale de l'antilope déséquilibrée en pleine course par le guépard puis dégustée vivante. Charge à nous effectivement de ne pas faire n'importe quoi, sachant que sinon, nous en paierons le prix.
On ne peut reprocher au guépard d’être un guépard (je pense que c’est vain et typique de la projection anthropomorpique). Mais on peut se demander pourquoi un humain cherche à être guépard.
Pour mémoire, la souffrance d’un animal ne se limite pas à l’instant de la mise à mort (qui est d’ailleurs souvent ratée et douloureuse malgré les techniques modernes en abattoir).
Il faut ajouter toutes les étapes de l’exploitation et des abus : privation du lien charnel (parent / petit), privation de liberté/entassement, privation de nourriture naturelle, baguage / marquage / vaccination / insémination / mutilation (y compris sexuelle), privation de partenaires sexuels, stress pendant la « capture » / l’entravement / le transport.
Le n’importe quoi, c’est précisément l’omnivorisme. Et le prix à payer est payé. Reste à faire ouvrir les yeux à la majorité pour qu’elle constate que le prix à payer est inacceptable. Je constate que nos congénères pour la plupart n’ont ni science, ni conscience. Leur peu de science leur sert à se comporter de façon contre nature, artificiellement, en mangeant des animaux. Et en faisant tout pour ne pas en prendre conscience.
Je vais vous dire franchement que j’ai l’impression que, comme une majorité de personnes, vous refusez de voir la vérité pragmatique que j’ai évoquée en ce qui concerne l’obtention / ingurgitation / digestion de la nourriture. Et vous refusez la thèse de l’humain frugivore. En niant au passage le principe de réalité, puisque vous refusez la confirmation par l’expérience concrète.
Probablement parce que cela impliquerait d’admettre d’une part votre incohérence. Et d’autre part votre malaise (lié à un sentiment de culpabilité). Il est possible que ce soit un biais cognitif (un préjugé tenace).
Et lorsque je lis entre les lignes, je sens très bien la tension crée par la dissonance cognitive. D’un côté vous ne pouvez nier mes arguments pragmatiques. De l’autre, vous ne parvenez pas à dépasser votre habitude, votre perspective conventionnelle, votre héritage culturel. Avec tout le lot organisationnel, émotionnel, intellectuel et matériel qui va avec.
J’admets que c’est un défi que de se départir d’un usage aussi ancré.
Et je salue au passage le courage et la curiosité des membres de VE qui osent débattre. Combien d'autres mangent des animaux EN SILENCE? Sans se poser de questions. Sans même un instant imaginer avoir à se justifier. Pour être un peu moins sévère, je salue aussi les membres qui ont au moins le courage de lire mes "pavés".
Je sais que la question de l’alimentation humaine, lorsqu’elle est traitée avec rigueur intellectuelle et en allant au fond des choses, et en parlant vrai, est un sujet inhabituel et non conventionnel. Je m’attends à une forte résistance à tous les niveaux : vocabulaire, concepts, logique, références, preuves, forme (style, quantité, longueur, rythme de mes contributions). On le voit depuis le début.
Mais je ferai feu de tout bois.
On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher.